Shostakovich Festival - Igor Levit

Bozar
Bruxelles
dim 27.02.22 20:00

Dmitri Shostakovich, 24 Preludes and Fugues, Op. 87

Aucun autre musicien n’a eu autant d’impact et atteint un aussi large public pendant la crise sanitaire du COVID-19 que le pianiste germano-russe Igor Levit. Tous les soirs, il a joué à Berlin des concerts auxquels des dizaines de milliers d’amateurs de musique du monde entier ont pu assister en ligne et en « live » depuis chez eux. Cela dit, les oeuvres et morceaux joués étaient tout sauf évidents : Igor Levit a alterné des oeuvres monumentales de Bach et de Beethoven et des oeuvres de compositeurs modernes tels que Morton Feldman et Frederic Rzewski.

Depuis peu, Igor Levit a aussi à son actif l’enregistrement sur CD des Vingt-quatre préludes et fugues de Shostakovich, un cycle pour piano extrêmement difficile de près de trois heures. C’est sur ce cycle, interprété cette fois-ci en live à Bozar que se termine le festival Shostakovich. De précédentes interprétations avaient suscité un enthousiasme incroyable : « un pèlerinage, long et solitaire il est vrai, mais surtout d’une grande intensité émotionnelle à travers un des paysages musicaux les plus subtils dépeint au piano. »

En 1950, Dmitri Shostakovich s’est rendu à Leipzig pour assister à un festival commémorant le bicentenaire du décès de Bach. Membre du jury du Concours international Jean-Sébastien Bach, il a entendu la superbe interprétation du Clavier bien tempéré par la Moscovite Tatiana Nikolayeva, 26 ans. Conquis, il a décidé de s’atteler à la composition d’une oeuvre similaire : un cycle de préludes et de fugues couvrant toute la gamme des modes majeurs et mineurs. Les autorités soviétiques ont fustigé ce cycle : la forme même de la fugue – trop « occidentale », trop archaïque – ne cadrait pas avec le réalisme soviétique. Shostakovich se vit reprocher son formalisme, sa musique décadente et une dissonance touchant à la cacophonie.

 

Igor Levit, piano