Music Chapel Gala Concert

Interview -  Bernard de Launoit

CEO de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth

 

La Chapelle Musicale Reine Elisabeth entamait en juillet 2019 la saison de son 80e anniversaire. La crise du Covid et les différents confinements ont poussé l’institution à reporter plusieurs des évènements prévus, dont leur concert de Gala. Celui-ci aura donc lieu le 14 mars 2022. Bernard de Launoit, CEO, nous délivre quelques mots sur l’histoire et l’avenir de la Chapelle.

 

Votre institution fêtera donc avec un peu de retard ses 80 ans, avec le Belgian National Orchestra. Quels étaient ses objectifs à sa création ? Après autant d’années, comment garde-t-elle sa vitalité ?

Suite à une réflexion sur la pertinence de notre enseignement, nous avons entamé dès 2004 la mise en oeuvre d’un modèle actualisé qui comprend aussi bien un nouveau cursus artistique que des aspects liés à « l’accès à la scène ». Jusqu’en 2004, les jeunes (pour la plupart belges) arrivaient avec leur professeur en sortant du conservatoire. Alors qu’aujourd’hui, ils auditionnent pour travailler avec tel ou tel maître. Nous avons augmenté le nombre de sections de 3 en 2004 à 6 en 2014 : violon, alto, violoncelle, piano, musique de chambre et chant.

L’évolution s’est par ailleurs accélérée avec le temps. Car en plus de la restructuration du contenu, nous avons cherché à améliorer la qualité de notre enseignement et à nous internationaliser. À tel point que nous avons cette année 72 jeunes issus de 28 nationalités.


Après tout ce temps, on peut aisément imaginer que des liens forts se sont tissés entre la Chapelle et l’Orchestre, tant sur le plan humain qu’artistique. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

Il est important de souligner que les 2 institutions sont nées à la même époque, dans l’entre-deux-guerres. C’était une période où la dynamique culturelle fut importante : création du Palais des Beaux-Arts, de la Maison de la Radio, du Concours Reine Elisabeth, etc. Par son histoire et sa contextualisation, nous sommes très attachés à l’Orchestre. De plus le Belgian National Orchestra, en raison notamment de sa mission, donne énormément de concerts du Nord au Sud du pays. Par cet aspect-là, il est unique. Notre philosophie a été d’établir des partenariats sur la durée.

Comme j’ai pu le mentionner, le renouvellement de notre modèle passe également par une accessibilité à la scène. Élément pour lequel le Belgian National Orchestra a un rôle à jouer. Car, en 20 ans, nous sommes également devenus producteur et partenaire de concerts. Nous proposons dès lors à nos jeunes entre 250 et 350 concerts par an. Nous avons en outre besoin de les faire jouer dans et avec des orchestres symphoniques, afin qu’ils disposent de cette expérience dans leur bagage professionnel.


Tous les 2 ans, le Belgian National Orchestra joue la finale du Concours Reine Elisabeth. Période où nos musiciens ont la chance d’accompagner et de côtoyer des jeunes talents prodigieux. Des talents qui passent par la Chapelle. Ce fut encore le cas avec le lauréat de cette année, Jonathan Fournel. Comment cadre-t-on de tels talents de sorte à ce qu’ils arrivent au niveau qu’on leur connaît en finale ?

Les jeunes qui arrivent chez nous viennent car il y a, je pense, une certaine tradition, notamment inscrite dans le
choix des professeurs. Nos maîtres ont une esthétique assez semblable, en plus de leur personnalité individuelle. De plus, nous voyons quels sont les besoins de ces talents pour les faire avancer. Nous restons d’ailleurs très en phase avec la philosophie inspirée par le créateur de la Chapelle, Eugène Ysaÿe : le compagnonnage et la transmission de l’art musical. Nous gardons l’esprit de ce lieu qui est un endroit de résidence, où les jeunes peuvent venir passer du temps et travailler ensemble, où ils ont encore l’opportunité de venir jouer avec leurs « aînés ».

En fait, nous présentons un outil différent des conservatoires : nous proposons un environnement où ils peuvent répéter et se concentrer au calme, dans leur studio. Et ce dans un cadre entouré par la nature, tout en étant proche de Waterloo ou de Bruxelles.


Pourriez-vous nous dévoiler un petit peu plus sur le programme du Gala et des solistes ?

Le point central est évidemment le double concerto de Brahms, qui est une oeuvre pour violon et violoncelle. C’est pour nous l’occasion de mettre en avant notre philosophie du compagnonnage citée précédemment. Il sera interprété par Gary Hoffman (ndlr. Maître en Résidence de la section violoncelle) et par Júlia Pusker (ndlr. 5ème prix du Concours Reine Elisabeth Finale violon 2019). Júlia est une artiste formidable avec laquelle nous avons établis une relation dans la durée et dont nous sommes extrêmement fiers.

Par ailleurs, le Concerto pour violoncelle nr. 2 de Dvořák sera également interprété ce soir-là. Le soliste n’a pas encore été déterminé. En tous cas, ce sera l’un des candidats pour le Concours violoncelle 2022. Ce concerto sera d’ailleurs joué en finale.


Un dernier mot pour le public du Belgian National Orchestra ?

L’audience de l’Orchestre a toujours été importante. Et c’est pour nous indispensable d’avoir des moments où nous pouvons à la fois partager des moments avec votre public et le nôtre. Ne fut-ce que pour découvrir ces jeunes artistes.