Sylvester Konzert: Dvořák & Beethoven

Dvořák a longtemps estimé que le violoncelle ne se prêtait pas à un rôle de soliste dans un concerto : « trop nasillard dans l’aigu et trop peu sonore dans le grave », prétendait-il. Il changea cependant d’avis après avoir assisté à New York à la première d’un concerto pour violoncelle joué par un collègue compositeur et violoncelliste, et se mit au travail. Après avoir reçu d’Europe la nouvelle que sa belle-sœur – dont il avait été amoureux à une certaine époque – était gravement malade, Dvořák décida de citer « Laissez-moi seule », sa mélodie préférée qu’il avait lui-même écrite, dans le deuxième mouvement de son concerto pour violoncelle. Le troisième mouvement se termine sur un soupir que brise ensuite un orchestre déchaîné. « Si j'avais su qu'un concerto pour violoncelle pouvait être aussi beau, j’en aurais aussi écrit un ! », déclara Brahms après avoir assisté au concerto pour violoncelle de Dvořák.     

La Cinquième symphonie de Beethoven est peut-être l'œuvre la plus célèbre de l'histoire de la musique classique. Le motif d'ouverture fortement rythmé - trois temps courts et un temps long - aurait autrefois été décrit par Beethoven par les mots "c'est ainsi que le destin frappe à la porte". Mais contrairement aux Grecs, au siècle des Lumières, le destin n'est plus une force à laquelle on se soumet aveuglément. En quatre mouvements, Beethoven passe donc de l'obscurité (le mouvement d'ouverture en do mineur) à la lumière (le mouvement final en do majeur) dans sa Cinquième symphonie. "L'illumination est la libération de l'homme de l'impuissance qu'il se doit à lui-même", affirmait autrefois le philosophe allemand Emmanuel Kant. Les sinistres coups du sort du premier mouvement subissent plusieurs métamorphoses et reviennent finalement dans le quatrième mouvement dans une marche lumineuse et triomphante.

Antony Hermus, chef d'orchestre
Alexey Stadler, violoncelle

© Photo by Marco Borggreve