In memoriam Wim Henderickx

En septembre 2022, Antony Hermus souhaitait commencer sa première saison en tant que nouveau chef d'orchestre par une œuvre d'un compositeur belge. À l'époque, le choix d'une composition de Wim Henderickx s'imposait : l'année de son 60e anniversaire, il avait non seulement célébré un succès particulièrement important avec son nouvel opéra De Bekeerlinge à l'Opera Ballet Vlaanderen, mais j'entretenais également une relation chaleureuse avec le compositeur anversois depuis de nombreuses années.

Pulses of the Earth a été joué avec grand succès en présence de Wim Henderickx et, lors d'une conversation ultérieure, nous avons convenu qu'il deviendrait le compositeur de la saison 2023-2024. Cet honneur était une première qu'aucun autre compositeur belge n'avait encore reçue. Nous avons convenu qu'il écrirait deux œuvres commandées : une œuvre plus courte pour ouvrir la saison et une symphonie.

Quelques mois plus tard, tel un coup de tonnerre, nous avons appris que Wim était soudainement décédé. L'homme le plus grand, le plus chaleureux du monde culturel belge, qui, les jours précédents, était présent à chaque concert important, n'était plus. Nous avons présenté nos sincères condoléances à sa femme Bea et à leurs enfants et nous étions parmi les nombreuses personnes présentes à la cérémonie d'enterrement.

Wim n'était pas un compositeur enfermé dans une tour d'ivoire, mais bien un talent incroyable, l'un des plus grands créateurs d'ambiance lors d'événements culturels de toutes sortes. Il savait toujours pour quoi et pour qui il écrivait : pour tel orchestre, pour tel musicien, pour tel ensemble. Vous pouviez voir son impressionnante stature apparaître partout, ce qui était invariablement le signe avant-coureur d'une soirée agréable.

C'est un honneur particulier pour moi et pour le Belgian National Orchestra que la toute dernière composition orchestrale de Wim Henderickx soit donnée en première mondiale à titre posthume. La partition achevée de Rejoice! (Hymn for new Times), une œuvre commandée par le Belgian National Orchestra sur le thème de l'espoir et du désespoir, a été retrouvée sur le bureau de Wim Henderickx après sa mort. Le fait que Wim ait résolument tiré la carte de l'espoir n'est pas surprenant et constitue un réconfort pour ceux d'entre nous qui restent après son départ.

Je porte dans mon cœur les conversations que nous avons eues en préparant ce travail : sur les êtres humains qui essaient de tirer le meilleur parti possible d'un univers qu'ils n'ont pas choisi eux-mêmes. Sur les erreurs que nous commettons, encore et encore, mais qui ne nous empêchent pas d'aspirer à quelque chose de plus élevé, de meilleur. Il y a toujours eu quelque chose de spirituel chez Wim.

La nouvelle symphonie que nous avions commandée à Wim Henderickx - et qui devait être interprétée lors du concert du 15 mars 2024 en collaboration avec le Klarafestival et Bozar - ne s'est jamais concrétisée. Au lieu de cela, nous avons décidé de programmer la monumentale composition orchestrale Tejas (What does the Sound of the Universe look like ?). Rétrospectivement, cette composition est peut-être le magnus opus de Wim Henderickx en ce qui concerne ses œuvres purement symphoniques. Il rêvait que cette œuvre figure au programme de cette saison, aux côtés de ses deux nouvelles compositions.

Pour moi, cette œuvre revêt une dimension très personnelle, car je l'ai moi-même commandée en 2009 en ma qualité d'intendant de la deFilharmonie, l'actuel Antwerp Symphony Orchestra. Comme à l'époque, nous mettons Tejas en relation avec l'œuvre avec laquelle elle a été composée en dialogue : Le sacre du printemps de Stravinsky. Deux partitions fantastiques. Deux œuvres monumentales profondément spirituelles.

Mes pensées t’accompagnent, Wim.

 

Hans Waege
intendant