La compositrice américaine Julia Wolfe fusionne l’énergie brute du rock, la simplicité du folk et les motifs du minimalisme dans un langage musical unique. Inspirée par l’histoire populaire de son pays et imprégnée d’un esprit théâtral, elle a remporté le prix Pulitzer en 2015 pour Anthracite Fields. Vous pourrez l’entendre tout au long de la saison 25*26 à Bozar, dans plusieurs concerts du BNO. Découvrez notre échange avec cette grande artiste !
La musique que je propose illustre mon amour de l’intensité sonore et mon lien profond avec le théâtre, surtout dans l’œuvre Fire in My Mouth, qui rassemble plus de 100 chanteuses et un orchestre. Elle s’inspire de l’industrie du vêtement au tournant du siècle dernier. L’œuvre est centrée sur l’incendie qui a ravagé la Triangle Shirtwaist Factory en 1911, et sur ses conséquences. J’ai voulu évoquer les femmes immigrées qui y travaillaient. Elles avaient fui la pauvreté et les persécutions dans leur pays d’origine. Nombre d'entre elles étaient des travailleuses du textile et possédaient les compétences nécessaires en couture. Elles se sont ainsi retrouvées dans d'énormes usines, où elles étaient des centaines à travailler sur des machines à coudre. Fire in My Mouth raconte l’histoire de ces femmes qui ont affronté des conditions difficiles et se sont battues pour la réforme du travail.
Toutes les œuvres musicales que je présente s’inspirent de l’idiome américain : le fiddle, le swing, la podorythmie, les percussions corporelles... La sensibilité est brute et instantanée. Dans Body Language, un claquement de mains déclenche une déflagration orchestrale. Une salve de coups sur la poitrine conduit à des roulements énergiques sur une batterie faite de tuyaux en plastique et d’ustensiles de cuisine. Dans Forbidden Love, les percussionnistes s’attaquent aux instruments du quatuor à cordes en les frappant et en les grattant.
New York est remplie de musique, dans les rues, dans le métro. À chaque coin, on peut entendre quelque chose de beau ou d’étonnant : des batteries improvisées avec des seaux ou des casseroles, des gens qui claquent des doigts ou tapent des rythmes sur leur poitrine. Mon langage musical s’inspire de cette ambiance.
Pour moi, Body Language est d’abord une célébration, plus qu’un manifeste. Mais j’aime aussi cette idée ! New York est remplie de musique, dans les rues, dans le métro. À chaque coin, on peut entendre quelque chose de beau ou d’étonnant : des batteries improvisées avec des seaux ou des casseroles, des gens qui claquent des doigts ou tapent des rythmes sur leur poitrine. Mon langage musical s’inspire de cette ambiance. Je puise dans le folk américain, le rock’n’roll... Et dans Body Language, je lance un tout nouveau défi à Colin : canaliser sa virtuosité dans un tout autre registre. La saison 25*26 du Belgian National Orchestra s’ouvre avec Fountain of Youth.
Beaucoup ont cherché la fontaine de jouvence. Si on la trouvait, à quoi ressemblerait-elle ? Pour moi, elle prend la forme d’une baignade pleine d’énergie — avec des planches à laver crissantes, des élans de trompette et des rythmes effrénés.