Nafissa Yaouba, photographe : "La liberté comme bien le plus précieux"

Nafissa

 

Entre deux annonces de concerts, notre nouvelle brochure de saison "Promised Land" présente de nombreuses photos d'art urbain bruxellois prises par la photographe belge Nafissa Yaouba. La couverture est peut-être la plus imaginative : une photo d'une magnifique fresque murale réalisée en 2017 sur une façade près de la gare de Forest-Est par Samuel Idmtal, Orlando Kintero et Julia Eva Perez. Le thème ? Bruxelles, ville globale - ou comment les nouveaux arrivants colorent et enrichissent la ville au quotidien, exprimé ici par une jeune femme qui, un pinceau à la main, colore une à une les maisons grises de Bruxelles. Pour Nafissa Yaouba, ces œuvres et d'autres ont constitué le point de départ d'une série de photos pénétrantes sur le thème de la "Terre promise".

Il y a quelques années, Nafissa Yaouba, avec un mari, une maison, deux enfants et un emploi à vendre, a radicalement changé de vie. Elle a acheté un appareil photo numérique et a commencé à prendre des portraits de femmes. Pendant la crise du Corona, elle a fondé l'asbl Women We Share. Son objectif ? Mettre en lumière les femmes fortes et ce qu'elles font chaque jour par le biais de la photographie. Cette démarche repose sur la conviction que les femmes créatives, innovantes et visionnaires ont toujours existé, mais que l'histoire les a souvent reléguées au second plan. Women We Share, entre-temps un collectif de photographes, expose les visages de contemporaines qui font bouger les codes de notre société. Des personnalités qui évoluent en Belgique dans des milieux sportifs, culturels, associatifs ou entrepreneuriaux. Des femmes qui écrivent leur histoire. Ce travail photographique les présente sur un fauteuil majestueux auparavant réservé aux hommes de pouvoir, ou encore lors de manifestations bannières à la main.

A la demande du Belgian National Orchestra, Nafissa Yaouba a recherché des œuvres d'art de rue à Bruxelles sur le thème du " Promised Land ". Que signifie cette "terre promise" pour elle ? Elle réalise sa terre promise à travers la photographie. Et à Bruxelles, il n'est pas rare qu'elle voie la Terre promise d'autres artistes représentée dans l'art de la rue, une scène qu'elle connaît bien depuis des années. « C'est un moyen d'expression particulier », explique Nafissa Yaouba, « car d'une part, l'art de la rue peut être très "underground", et d'autre part, certaines œuvres de street art sont aujourd'hui exposées dans des galeries et vendues à des prix incroyables ». Dans la série de photographies qu'elle a réalisées pour le Belgian National Orchestra, des œuvres connues et moins connues alternent avec des œuvres commandées officiellement et des œuvres créées subitement.

La beauté du street art est que l'œuvre ne peut pas être photographiée tel quel : il y a toujours une interaction avec l'environnement. Le mur sur lequel se trouve l'œuvre, les câbles et les caniveaux qui la traversent, le balcon d'où est prise la photo, le ciel et la lumière au moment où la photo est prise... « Pour cette série, je voulais travailler sur la liberté, explique Nafissa Yaouba, « et pour cela j'ai utilisé le street art et le ciel. L'"heure dorée" - une heure après le lever du soleil ou une heure avant son coucher - était le moment idéal pour prendre de nombreuses photos. « Le street art est à son meilleur lorsque la nuit descend lentement sur lui », dit-elle.

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