Shostakovich 8 & Lorenzo Gatto plays Saint-Saëns

Bozar
Bruxelles
dim 08.10.23 15:00
Prix des tickets
€ 48 - 40 - 26 - 12

Camille Saint-Saëns, Violin Concerto No. 3 in B minor, Op. 61
Dmitri Shostakovich, Symphony No. 8 in C minor, Op. 65


UNE SURVIE DANS LA DÉFAITE

Après la guerre francoallemande de 1870-1871, Camille Saint-Saëns était plus résolu que jamais à composer de la musique symphonique – pratiquement absente du paysage musical français depuis Berlioz – susceptible de concurrencer la musique allemande. Les compositeurs français s’étaient pendant trop longtemps focalisés sur l’opéra et le ballet. Le Concerto pour violon n°3 de Saint-Saëns, une de ses oeuvres les plus appréciées aujourd’hui, y parvient con brio. Mélodies superbes et orchestration exquise : on comprend aisément pourquoi ses successeurs, comme Fauré et Ravel, l’admiraient autant. Dans le dernier mouvement, le compositeur a ajouté à la brillance française des couleurs espagnoles en hommage à Pablo de Sarasate, violoniste lors de la première représentation de l’oeuvre.

La Symphonie n°8 de Shostakovich est la deuxième des trois symphonies « de guerre » composées par ce compositeur soviétique entre 1941 et 1945. Cette oeuvre colossale, écrite pendant les heures les plus sombres de la guerre avec l’Allemagne nazie, à l’époque de la tristement célèbre bataille de Stalingrad, est sans doute la plus tragique de Shostakovich. En cinq mouvements, le compositeur essaie d’affronter et de supporter le déchaînement de violence et la souffrance interminable, tant sur le plan émotionnel que philosophique. Le premier mouvement, de près de 30 minutes, s’ouvre sur un motif sombre « de la destinée ». Les cris solitaires des instruments à vent sonnent creux et renforcent le sentiment de désespoir et de désolation. Lui succèdent le deuxième mouvement – une marche « avec des éléments de scherzo » – et un troisième mouvement monothématique allegro non troppo, qui évoque, selon le chef allemand Kurt Sanderling, le piétinement de l’individu (Niedergetrampelltwerden des Individuums). Dans une passacaille (quatrième mouvement), Shostakovich se lamente sur ce qui vient de se produire. La symphonie s’achève sur un cinquième mouvement atypique. Contrairement à Mahler – dans sa Deuxième symphonie également écrite en ut mineur – Shostakovich exclut toute perspective de renaissance. Le finale s’achève pianissimo mais sans allure triomphale, le compositeur évoquant plutôt une survie dans la défaite, tel un orphelin rentrant chez lui.
 


Antony Hermus, chef d'orchestre
Lorenzo Gatto, violon

Artistes

Antony Hermus

Antony Hermus is the chief conductor of the Belgian National Orchestra since September 2022.

Lorenzo Gatto