Cornelius Meister & Berlioz

C’est une interprétation de Roméo et Juliette de Shakespeare au Théâtre de l’Odéon de Paris qui convainquit le compositeur français Hector Berlioz d’écrire une nouvelle œuvre basée sur l’histoire d’amour tragique véronaise. Pas un opéra, mais une symphonie dramatique où les dialogues d’amour et de désespoir entre les deux personnages principaux sont exprimés par l’orchestre. Un don généreux du violoniste virtuose Paganini – il venait d’entendre Harold en Italie qui l’avait beaucoup impressionné – permit d’assurer les finances de Berlioz le temps que celui-ci se consacre à la composition de la pièce. A posteriori, l’adagio de Roméo et Juliette, aussi appelé « scène d’amour », devint une composition que Berlioz considérait lui-même comme l’une de ses plus réussies.

Après sept années passées à Paris, le compositeur le plus connu d’Espagne, Manuel de Falla, rentra à Madrid juste après le début de la Première Guerre mondiale. C’est là qu’il composa El amor brujo (l’amour sorcier), un ballet sur une gitane andalouse que vient hanter l’esprit de son mari décédé. L’œuvre originale, créée à l’époque à la demande de la danseuse étoile Pastora Imperio et contenant aussi des dialogues, ne rencontra cependant pas le succès escompté. Manuel de Falla retravailla la composition et en réalisa une nouvelle version pour orchestre et mezzo-soprano, qui gagna rapidement en popularité. Peu d’autres œuvres parviennent aussi bien à évoquer la culture du flamenco, même si elle doit beaucoup aux rencontres parisiennes entre Manuel de Falla et notamment Ravel, Debussy, Stravinsky et l’imprésario russe Diaghilev. Le ballet fut filmé dans les années 1980 par le célèbre réalisateur espagnol Carlos Saura.